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Portrait d'enseignant : Romuald

par Élise publié le 18.12.19

Il y a quelques temps, nous avons entamé une série d'interviews dans le but de vous présenter les pratiquants du  Shoshin Dojo : des filles et des garçons, des jeunes et des plus âgées, des débutants et des gradés. Aujourd'hui, c'est l'un de nos enseignants d'aïkido qui se prête au jeu des questions-réponses !

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Bonjour Romu. Peux-tu me raconter tes débuts sur les tatamis ? Qu'est-ce qui t'a amené à la pratique de l’aïkido ?

J’étais étudiant en 1995 à Dijon quand un oncle m’a emmené dans un dojo. C'était chez Robert Rouchouse qui est l'un des enseignants qui a compté dans l'implantation de l’aïkido en Bourgogne. J’ai ressenti dès le premier cours que j’accrochais et que je voulais étudier « la voie ». J'allais au dojo trois fois par semaine. Rémi Soufflet était déjà premier dan et c’était un plaisir de pratiquer avec lui et les autres élèves. Quelques semaines à peine après mes premiers pas sur les tatamis, j’ai suivi mon premier stage national avec Christian Tissier ! Un souvenir mémorable…

Comment es-tu arrivé au Shoshin Dojo ? Depuis quand ?

Je suis venu au Shoshin en 2010 — à l’époque le club s’appelait Gonojukan. Je venais d’emménager à Besançon et j’avais fait des cours-tests dans les clubs bisontins. Le deuxième était le bon. J'y ai découvert l’enseignement de Julien Henriet. Depuis, il a créé l’EPAM à Grandfontaine où je pratique également.

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Depuis quand enseignes-tu au sein du club ? Comment s'est passée la transition élève-enseignant ?

J’ai passé mon Brevet Fédéral en 2014, après une formation sur un an dont plusieurs week-ends passés en Rhône-Alpes pour des formations animées par Luc Mathevet. J’ai donc commencé à enseigner sur la saison 2013-2014 dans le cadre de la formation. Dès l’année suivante, j’ai assuré des cours réguliers, environ une fois par semaine, en fonction de mes disponibilités. J’avais déjà réalisé des formations au niveau professionnel à l’époque, mais sur un tatami j’ai ressenti l’exercice comme un peu plus pointu. Au dojo, mon premier objectif était déjà d’appliquer la méthode d’enseignement apprise (pédagogie par objectifs). Dès les premiers cours, plusieurs questions fondamentales se sont posées : « Est-ce que l’objectif du cours est atteint ? Pour combien de pratiquants ?… » Les réponses n’ont pas été faciles.

Notre propre expérience de pratique rejaillit également dans nos cours et enseigner m’a très vite amené à m’interroger sur ma propre forme de pratique. Il faut arriver à identifier et à gommer ce qui serait des réflexes, des habitudes… Bref, ce qui semblerait n’appartenir qu’à soi car c’est souvent ce qui est erroné. Le but étant de s’orienter vers une forme de pratique que l’on peut choisir parmi celles diffusées par les différents techniciens reconnus. Bien entendu cela n’empêche pas d’avoir une pratique adaptée à notre propre morphologie ou à notre personnalité… Mais elle ne doit pas être individuelle. Autant dire que c’est le travail d’une vie et je tente bien sûr de progresser sur ce point. Mes multiples expériences sur les tatamis, les formes de pratiques que j'ai pu suivre et les sept professeurs qui m'ont accompagné m'aident à construire mon parcours martial.

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Comment concilies-tu vie professionnelle et tes nombreux déplacements et pratique martiale ?

Mon métier m'oblige à être très mobile (en France et en Europe) et mon planning est très changeant, je peux donc difficilement pratiquer en semaine. C’est aussi la raison pour laquelle j’enseigne le plus souvent le samedi car je suis certain d’être présent. J’essaie parfois de pratiquer lors de déplacements. C'est ce qui m’a permis de rencontrer ou de revoir des professeurs que j’apprécie.  J’ai pu ainsi pratiquer dans différents Dojos de Montpellier et notamment chez Jean-Marc Cheymol, chez Christian Mouza à Fontenay — où j’étais inscrit pendant trois ans —, chez Nicolas Jaucot à Limoux et je me rends régulièrement au Cercle Tissier à Vincennes. Ce sont toujours des moments très agréables et enrichissants. Le risque est néanmoins de multiplier les approches qui pourraient m’amener vers une pratique un peu hétéroclite qui serait moins « lisible ».

As-tu suffisamment le temps de pratiquer ?

Malheureusement non ! Mais je tente de trouver des applications à l’entraînement dans d’autres situations qu’au dojo. Même si ça ne suffit pas, bien entendu.

Une des particularités de notre club est d'avoir plusieurs enseignants ; qu'en penses-tu en tant qu'enseignant ?

C’est indispensable pour avoir un enseignement de qualité trois fois par semaine — sans compter les cours ados et enfants. À la fois pour des questions de disponibilité de l’enseignant qui serait seul à assumer les cours, et pour le suivi des élèves. C’est aussi pour cette raison qu’il me paraît nécessaire qu’un professeur ne soit pas « dédié » à un créneau particulier.

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Cela peut paraître contradictoire avec ma réponse précédente dans laquelle je parle du risque d'une pratique « hétéroclite » et « moins lisible » à suivre plusieurs professeurs. Je m’explique. J’ai déjà vécu le cas (en tant qu’élève) d’un club où plusieurs professeurs enseignaient mais qui, en réalité, ne communiquaient pas du tout entre eux — ou alors négativement. Au Shoshin Dojo, nous avons choisi ce fonctionnement à plusieurs professeurs parce que c’est le principe même de notre pédagogie : les professeurs se parlent en permanence et se réunissent très régulièrement (et jusqu’à tard le soir…) pour échanger sur les cours, les élèves et leur propre progression. Chacun est investi au même niveau et le club s’est fondé sur ces bases. C’est à mon avis une des raisons qui permet de garder une homogénéité de l’enseignement.

J’ajoute que tous les profs du Shoshin sont actifs dans leur formation et continuent d'apprendre les uns des autres tant du point de vue de la technique que de la pédagogie ou de la culture martiale.

En trois mots, comment décrirais-tu le Shoshin Dojo ?

Trois mots ? Avec ou sans détailler ? Allez, je fais court : collaboratif, progression (sur trois niveaux : élèves, profs, Dojo) et joie !

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Tu suis tout de même de nombreux stages le week-end. Quels sont tes références ? Qu'est-ce qui t'inspire dans leur aïkido ?

J’essaie de suivre plusieurs techniciens que je vais voir pour différentes raisons. Pour suivre la ligne technique de la fédération, je suis autant que possible Christian Tissier Shihan, qui est à mes yeux la référence la plus complète en termes de technique, de pédagogie et d’investissement. Pour la même raison, il y a Luc Mathevet qui est le DTR de la Ligue Rhône Alpes et dont j’adore la précision et la pédagogie

Et puis il y a les techniciens que je suis pour tenter de progresser en direction d’une forme de pratique qui semble pouvoir me correspondre. Parmi eux, il y a Hervé Guénard, dont j’essaie de suivre plus régulièrement les stages cette année. Rémi Soufflet, un de mes premiers partenaires de tatamis et que nous invitons une fois par an à Besançon pour un stage. Il y a bien sûr Julien, ami et fondateur du club de l'EPAM, qui m’a formé et préparé pour mes premier et deuxième dan.

Parfois je découvre aussi des technicien au hasard des stages, comme dernièrement Hiromi Matsuoka, une jeune japonaise 4ème dan que j’ai rencontrée à Dijon l’an dernier lors de son passage en France. Une pratique fine et extrêmement énergique. Une pratiquante qui représente certainement une part de l’avenir de la discipline.

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Enfin, je ne peux pas oublier les quelques stages — trop peu nombreux — que j’ai pu suivre sous la direction de Gilbert Maillot, aujourd’hui décédé. Sa fluidité et sa vraie bienveillance m’ont fait ressentir un personnage en complet accord avec sa pratique.

Pour résumer, je crois que c’est justement ce que je recherche dans la pratique : faire évoluer ma pratique pour la rendre la plus congruente possible avec ce que je suis. Vaste chantier… Et c’est probablement aussi ce qui m’amène à suivre des maîtres que je choisis davantage sur un ressenti plutôt que sur des aspects techniques.

Qu'est-ce que tu détestes sur les tatamis ?

Cette question me pose un problème. Ce n’est pas un mot que j’utilise, ni sur les tatamis, ni en dehors.

Bon… Cette question a fait un flop. On passe à la suivante : que t'apporte l'aïkido en dehors des tatamis ?

Ce serait long à détailler. Mais globalement je sais que depuis que je pratique, j’ai évolué dans ma personnalité et mon rapport aux autres, essentiellement grâce à l’aïkido. Aujourd’hui je le ressens réellement dans la gestion des conflits, en utilisant certains des principes, surtout dans le milieu professionnel — en famille c’est toujours plus dur à appliquer. Et plus généralement, je sais qu’on peut retrouver l’application des principes « aïki » dans toute situation. Mais ça pourrait faire l’objet d’articles dans le blog à part entière.

Quelles sont tes envies pour la suite ?

Tout d’abord, poursuivre simplement les entraînements, prendre du plaisir à la pratique et continuer à progresser si possible. Ensuite, poursuivre la recherche du ressenti des principes « aïki » en dehors des tatamis et de l’utilisation de ces principes dans la gestion de conflits de toute sorte. Il y a encore beaucoup à faire pour utiliser les bienfaits de l’aïkido.

 

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Si vous ne les avez pas déjà lus, voici les interviews de Marie (membre de notre équipe enseignante), de Romain (un aïkidoka presque plus débutant), de Cenzo (un ado que nous avons eu la chance d'avoir comme élève pendant 8 ans) et d'Ésaïe (qui du haut de ses 10 ans cumule aussi déjà plusieurs années de pratique). Bonne lecture.