Portrait d'aïkidoka : Ésaïe
Un nouvel interview et cette fois-ci c'est l'un des enfants du Dojo qui se prête au jeu des questions-réponses. Avec la décontraction qui caractérise les enfants, il répond sans détour et avec ses mots à des questions qui, malgré les apparences, ne sont pas si simples que cela…
Bonjour. Peux-tu te présenter ?
Je m'appelle Ésaïe. J'ai 9 ans et je suis en CM1 à l'école des Chaprais de Besançon.
Te rappelles-tu de tes débuts en aïkido ? Quand était-ce ?
J'ai commencé il y a 6 ans. J'avais 4 ans.
Ou la la ! C'était tôt ça ! C'est vrai qu'il y avait un cours pour les tout-petits à ce moment là. Tu ne te souviens donc pas de tes premiers moments sur les tatamis ?
Non, j'étais trop petit.
Mais est-ce que tu te souviens quand même pourquoi tu as commencé ?
Parce que mon papa et mon frère en faisaient. J'étais sur le bord du tatami. Je jouais avec un grand qui attendait son cours. Et j'aimais bien regarder. Quand j'ai eu l'âge de commencer, on m'a inscrit.
Et tu regrettes ?
Non.
Qu'est-ce qui te plaît dans l'aïkido ?
Ben l'ambiance déjà. Les profs sont rigolos. Et j'aime bien apprendre les techniques.
Et tu as une technique préférée ?
Oui… Enfin il y en a plein : kote gaeshi, kiri otoshi, ikkyo, shiho nage...
Tu sais pourquoi tu les aimes bien ?
Elles sont faciles à apprendre. Même si les déplacements sont compliqués au début.
Donc c'est compliqué ou c'est facile ?
Au début elles sont difficiles. Rien n'est facile au début. Mais quand tu les travailles, ça devient plus facile.
Et tu arrives à retenir tous les noms en japonais ?
Oh punaise ! (Rires) Ben pas vraiment. Avec l'école le cerveau est déjà plein. Et comme il y a quand même beaucoup de techniques, je n'arrive pas à tout connaître par cœur.
Peux-tu nous raconter un peu comment se passe un cours d'aïkido ? Ce que vous faites ?
Avant de commencer, il y a le Salut. Après, nous nous échauffons la tête, les épaules, les poignets... Tout le corps en fait. Pour éviter de se blesser. On fait aussi des exercices de chutes pour apprendre à tomber sans se faire mal. Et après, les profs nous montrent des techniques qu'on essaie de refaire. Des fois, on fait aussi des jeux : le culbuto, la course de saucisses, 1 2 3 shomen !
Tu nous as parlé d'un Salut. Tu peux nous en dire un peu plus ? À quoi ça correspond ? Tu en comprends quoi ?
Le Salut ça sert à honorer le fondateur de l'aïkido. Et puis on salue les profs. Et aussi entre élèves avant et après les techniques. « Onegai shimasu » en japonais, c'est pour se dire bienvenue et merci. C'est pour être poli et respectueux.
Du coup, tu penses quoi des règles qu'il y a en aïkido ? Parce que, même si elles sont logiques, elles ne s'expriment pas comme dans la vie de tous les jours, comme à la maison ou à l'école. On doit saluer d'une certaine manière, il y a des moments où l'on doit se taire, on se met en ligne et en seiza… C'est particulier quand même.
Oui mais c'est bien parce que s'il n'y a pas de règles on ferait n'importe quoi. Et ça change de d'habitude. Au début c'est presque un jeu. Et après ça devient normal.
Est-ce que tu sais d'où vient l'aïkido ? Est-ce que c'est important pour toi ?
L'aïkido vient du Japon. Les samouraïs avaient des techniques de combat. Et ça a donné l'aïkido. Et c'est important de savoir parce que c'est bien de connaître comment s'est construit l'aïkido. Et aussi non parce que pour moi, ce n'est pas très important que ça vienne du Japon ou d'ailleurs.
Et le travail aux armes, vous en faites ? Tu aimes bien ? C'est quoi ton arme préférée ?
Oui. Je préfère le bokken (sabre en bois). La taille est pratique. Ni trop grand, ni trop petit. Le jô (bâton moyen en bois), je trouve ça trop grand. Au bokken, j'aime bien apprendre comment attaquer et comment arrêter les coups. Au tantô (poignard en bois), j'aime bien esquiver et désarmer.
Mais ce n'est trop dangereux pour des enfants ?
Ben non. Il ne faut pas frapper trop fort et quand c'est une technique compliquée, il faut y aller doucement.
Et l'ambiance avec tes camarades de tatamis ?
L'ambiance est sympa. Je me suis fait des copains avec qui je rigole bien.
En aïkido, les filles et les garçons ne sont pas séparés. Comme par exemple au basket-ball. Ça apporte quoi selon toi ?
C'est bien. On connaît plus de personnes. Les différences ne sont pas importantes. Comme on est tous mélangés, on travaille tous ensemble et en plus on apprend à faire les techniques sur les grands, les petits, les garçons, les filles… Et tout le monde apprend la même chose.
Et le fait que toi tu sois le plus gradé de ton groupe, ça change quelque chose selon toi ?
Ben oui. Ça change que les autres ont souvent envie d'être avec moi pour que je leur explique s'il n'ont pas compris.
Mais c'est une grande responsabilité ça ! Tu n'as pas peur de leur montrer des erreurs ?
Non. Je montre ce que j'ai compris. Sinon, on appelle les profs et ils nous expliquent.
Tu as déjà participé à des stages. En quoi sont-ils différents des cours habituels ? (lire l'article)
C'est plus long et on voit des exercices qu'on ne fait pas très souvent. L'année dernière, on a fait plein de jeux bien. Et on est avec des adultes.
Oui. L'année dernière, tu as participé au stage animé par Rémi Soufflet avec les adultes du Shoshin Dojo (lire l'article). Mais c'est parce que tu as déjà pas mal d'années d'aïkido. Tu n'as pas été trop impressionné d'être avec des adultes ?
Non. Pas trop. Parce que je connaissais beaucoup de gens présents. Il y avait Edmond, mon papa, Laurent, Élise, Romuald… Et d'autres qui venaient d'autres clubs mais que j'avais déjà vu. Et Rémi est sympa.
Et tu as compris les exercices que Rémi proposait ?
Oui. Parce qu'il explique bien.
Tu penses continuer l'aïkido ? Jusqu'à la ceinture noire et même après ?
Oui. Je pense. Parce que j'ai envie d'être prof.
Oui… C'est un peu la classe la ceinture noire et le hakama non ?
(Rires) Ben oui.
Qu'est-ce que tu dirais à un enfant qui aurait envie d'essayer l'aïkido mais qui hésite ?
Il ne faut pas avoir peur. C'est sympa et c'est pas trop compliqué. Les profs font des blagues et on s'amuse bien.
Et bien merci d'avoir accepter cet interview et d'avoir répondu à nos questions.
(Surpris) Ben de rien. (Rires)
Si vous les aviez manqués, retrouvez ici les portraits de Marie (enseignante du Shoshin Dojo) et de Romain.