Une année pour une ceinture noire.
Élise et Laurent ont décidé de revenir sur cette année un peu particulière. Une année consacrée à la préparation pour l'examen du Shodan UFA d'aïkido. Une année ? Plutôt un parcours de 6 années de pratique qui les a conduit naturellement à passer cette étape si symbolique et obtenir la ceinture noire.
Élise
Dans mon cursus scolaire et professionnel, la préparation à un examen constitue un exercice qui ne m'est pas totalement désagréable. En effet, découvrir, apprendre, connaître, savoir, sont des processus intéressants à mon sens. L'examen final, le jour J, quant à lui est généralement source d'inquiétude et de stress… Moi ? Anxieuse ? Complètement. En aïkido, j'ai pu m'apercevoir que la préparation au Shodan, a suivi globalement cette même progression en termes d'émotions !
Au sein du Shoshin Dojo, il est de coutume de commencer doucement la préparation au Shodan lors du passage de la ceinture marron voire lors de la remise du hakama. Mais de manière formelle, la préparation s'étale sur une saison complète. Cette année est jalonnée par divers événements qui permettent au candidat de se préparer au mieux à l'examen.
Tout d'abord, les cours hebdomadaires fournissent aux élèves un support de travail tant physique (endurance, renforcement musculaire, relâchement articulaire…) que technique (connaissance formelle des techniques et de la nomenclature). Pour ma part, j'ai pu suivre en moyenne deux cours par semaine. Cette année encore, au Shoshin Dojo, nous bénéficions des cours de trois enseignants. Cette complémentarité entre enseignants m'a permis d'enrichir mes connaissances et ma pratique.
Pour se présenter à l'examen du Shodan, le candidat doit valider au moins à trois stages fédéraux. J'ai ainsi participé à trois stages de Ligue animés par Michel Erb, notre Directeur Technique Régional. Son enseignement riche et précis, ses principes de base, ses explications claires, mais aussi son exigence, sont des éléments qui ont su me guider au cours de cette année de préparation.
Cette année au Shoshin Dojo était une grande année pour les passages de grades. En effet, Marie et Edmond se présentaient au Nidan et Laurent et moi au Shodan ! L'équipe pédagogique a mis en place plusieurs évaluations pendant lesquelles nous étions mis en conditions d'examen (et donc de stress pour ma part !).
Durant ces séances nous étions interrogés chacun notre tour, et surtout nous étions filmés ! Et tout le monde sait que la vidéo ne pardonne pas. On voit tous ses défauts. Ces enregistrements m'ont permis, avec l'aide des enseignants, de mettre en évidence mes erreurs, de les observer et par la suite de les corriger (je l'espère). Nous avons ainsi bénéficié de trois "prépa-dan" dans notre Dojo
Nous avons également réalisé des évaluations avec les élèves des dojos-amis de l'EPAM et du club de Voiteur. Ces dernières m'ont beaucoup apporté dans ma gestion du stress car il est bien moins confortable d'être évaluée dans un autre lieu, par un autre enseignant, que dans son propre dojo !
Ces évaluations régulières, ce climat de travail en groupe et de révisions à quatre, ont permis une sorte d'émulation. Bénéfique à tous je crois. Nous avons pu alors bénéficier des expériences, des ressources et des retours des uns et des autres. Le partage, bien connu en aïkido !
Pour se préparer à l'examen, certains candidats trouvent intérêt dans des supports multimédia tels des vidéos, des sources Internet. Pour ma part, je les ai très peu utilisés. J'émets toujours des réserves quant à leur source, leurs auteurs étant parfois trop exotiques à mon goût ! J'ai préféré faire confiance aux connaissances de mes enseignants !
Je souhaite donc logiquement remercier chaleureusement les enseignants du Shoshin Dojo, qui ont su organiser optimalement cette année de révisions tout en assurant les séances habituelles aux autres adhérents. Merci pour votre enseignement et votre engagement dans notre préparation. Merci pour vos encouragements dans les périodes de doutes, vos "non-remarques" les soirs de déprime, et les mots de réassurance ! Merci !
Laurent
Six années durant lesquelles la ceinture noire et le 1er dan représentent une sorte de graal bien éloigné. Une année de préparation et de bachotage pour décrocher ce qui constitue à la fois un aboutissement (le graal tant convoité) et un commencement (le shodan).
Et voici le jour tant attendu et redouté. Tension, nervosité, pression, peur d’être déçu et pire, peur de décevoir… Mais également une forte envie de bien faire, de montrer de quoi je suis capable, à moi, à mon jury, à mes partenaires de tatamis, et à mes enseignants. C’est l’état d’esprit qui m’anime dans les vestiaires : réussir.
Puis vient l’échauffement et la composition des groupes. Premier soulagement, je suis avec Élise. Ma uke et ma partenaire depuis presque le début. Je ne suis plus seul !
Cinq candidats, c’est peu et cela veut dire que je servirai de uke à plusieurs reprises. Il va falloir gérer la chaleur, doser son investissement. Nous sommes également jugés sur notre travail de uke. Il faut donc démontrer un engagement physique, une présence, tout en se préservant. Il faut être frais pour son passage en tant que tori. De nature plutôt « physique », je peux avoir une tendance naturelle à me mettre en surchauffe rapidement !
Je passe quasiment tout de suite en uke sur du suwari waza. Découverte d’un partenaire que je ne connais pas, d’une pratique qui n’est pas forcément celle que je vois au sein de mon club. C’est là que l’on mesure l’intérêt et la nécessité des stages et des interclubs. Malgré quelques chutes assez physiques, je suis la cadence et engrange un capital confiance. Je repasserai par la suite comme uke avec Élise à genoux et aux armes, puis en randori avec d’autres partenaires
Enfin, j’entends le jury prononcer mon nom. Nous y voilà. Le moment de vérité sonne. Plus moyen de fuir. Six années résumées en quinze minutes. À ce moment-là, j’oublie mon stress, je rentre dans ma bulle et tente de me concentrer sur ces quinze minutes. Je fais attention à l’étiquette : passer derrière les candidats pour aller récupérer ses armes, les présenter correctement… C’est toujours cela de pris.
Passage à genoux avec Élise. Comme beaucoup, ce n’est pas là que je suis le plus à l’aise. Je sais surtout que mes défauts naturels s’en ressentent d’autant. Mon objectif est donc d’être le plus mobile possible, en tout cas ne pas attendre la saisie ou la frappe pour me déplacer. Ce qui n’est pas si évident avec le stress qui vient mettre son grain de sel.
Tachi waza. Changement de partenaire et adaptation à ses déplacements. Il faut se gérer soi et gérer l’autre, tout un programme. Je n’éprouve pas de difficultés particulières sur la nomenclature. Même si lorsque j’entends le jury énoncer « ushiro kata dori » je me dis « il faut que ça tombe sur moi ! ». J’ai plus de problème à gérer mon uke qui chute assez rapidement, ce qui ne me permet pas de finir mes techniques. Je me rappelle alors mes enseignants me dirent que dans ce cas, il faut ralentir pour mettre en confiance uke . Très franchement, je doute d’avoir ralenti, mais je me suis astreint à trouver des solutions : placements, saisies…
Le temps passe et mon ennemi juré arrive : le manque de souffle du à l’asthme. Je me raidis, devient moins fluide, et commence à davantage utiliser mes bras. A ce moment précis, je ne sais combien de temps il me reste mais mon principal objectif devient alors tenir coute que coute. Je dois arriver au terme de mon passage, debout et entier !
Les armes arrivent et avec, le retour d’Élise. Ouf, cela va bien m’aider. Nous avons travaillé des heures nos jyuwaza. Je m’applique particulièrement sur le tanto : distance et désarmement avec lesquels je n’étaient pas à l’aise il y a encore quelques semaines. Je suis pour une fois plutôt satisfait. Puis place au jo. Je déroule mon programme. Le randori sonne la fin de l’épreuve, une sorte de conclusion qu’il est facile de bâcler : envie de finir, fatigue… Allez, encore un dernier effort !
L’attente des résultats permet de reprendre ses esprits, et pour moi de récupérer mes deux poumons ! Résultats proclamés : soulagement, fierté du chemin parcouru, joie partagé avec le club. Puis retours du jury : sans surprise sur mes points à travailler. Et oui, les mauvaises habitudes ont la vie dure.
Un grand merci à mes enseignants qui n’ont pas lésiné sur la préparation, qui ont passé du temps pour nous et ont cru en en nous. Merci à Élise qui a été ma partenaire et mon alter égo pour la déconne, ça fait du bien. Merci aux gradés qui m’ont fait bénéficier de leurs expériences et conseils. Merci à tous les pratiquants qui ont chacun à leur façon contribué à ce que je suis en tant qu’aïkidoka. Et enfin, merci à ma famille qui m’a toujours soutenu et m’a permis de me préparer dans les meilleures conditions.
Félicitations à Élise et Laurent (ainsi qu'à Marie et Edmond. Nous n'oublions pas qu'ils ont brillamment passés leur Nidan il y a quelques semaines). Merci pour les remerciements mais il nous semble qu'ils doivent leur réussite beaucoup au sérieux, à l'investissement et à l'implication qu'ils mettent dans leur pratique et ce, depuis plusieurs années. Ce sont là les ingrédients essentiels pour progresser sur la voie de l'aïki. Mais pas d'illusion, ce n'est que le début.
Nous espérons que leur exemple sera une source de motivation pour leurs camarades de tatamis. Nous sommes fiers de leur réussite et de les compter parmi les élèves du Dojo.
Les enseignants du Shoshin Dojo