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Séquence vidéo #4

par Alban publié le 04.01.21

La quatrième séquence vidéo sera donc pour moi. Je vais en profiter pour tenter de mettre en lumière un point sur lequel je reviens régulièrement au dojo. Déjà parce que j’ai mes marottes et que je suis un peu obsessionnel, mais aussi parce qu’il me semble que lorsqu’on le saisit, il permet d’éliminer un certain nombre de contraintes dans l'exécution des techniques. Je vais donc revenir sur l’importance d’adapter le maai en fonction de la technique à réaliser.

aikido tai sabaki besançon


Pour cela, je vais vous proposer de nous pencher sur différentes techniques réalisées sur shomen uchi. C’est une attaque qui me paraît intéressante pour mettre en exergue le thème du jour et, au risque de paraître austère, je ne varierai pas les attaques. En gardant une situation de départ similaire, nous pourrons mieux apprécier les éléments qui changent dans la réalisation des mouvements et surtout, pour ce qui nous concerne ici, la profondeur du irimi.

Shomen uchi nikkyo : l’axe du poignet

Le « vrai » nom de nikkyo est « kote mawashi ». « Kote » désigne le poignet et « mawashi » évoque l’idée de retourner, de vriller pourrait-on dire. En tout cas, il est important de noter que le mouvement se passe au niveau du poignet. Il faudra donc adapter l’entrée pour se placer sur l’axe du poignet. C’est ce qu’on voit François réaliser sur cette vidéo. Shomen est une attaque profonde qui vient concerner tori sur son axe sagittal. Il est donc superflu — voire contre-indiqué — d’entrer très profondément. Si uke construit correctement son attaque, son poignet devrait être à portée de mains sans avoir à faire un grand déplacement.

Omote

Pour la forme omote, tori sort simplement de la ligne — triangulation — et lève la main avant au-dessus de sa tête de telle manière qu’elle prenne naturellement contact avec celle d’uke sur ce point. À partir de là, il réalise une coupe et engage le corps avec un changement de hanmi pour déséquilibrer uke.

Point de détail :

Notez que tori ne cherche pas à saisir nikkyo dès le début du mouvement. Il se déplace, contrôle le coude puis saisit nikkyo.

Ura

Pour la forme ura, le principe est le même : l’entrée est peu profonde puisque la main de uke arrive « toute seule » au bon endroit. Une différence à noter toutefois : il faut changer de hanmi dès l’entrée. Mis à part cela, les mains montent toujours au niveau de la tête pour accueillir la coupe.

Point de détail :

Notez le changement d’axe. Si au départ l’axe du mouvement est bien celui du poignet — saisie puis clé —, lors de la coupe pour amener au sol, l’axe du mouvement devient celui du coude. Il y a donc un transfert d’axe qui doit se traduire par un déplacement pour replacer le corps sur ce nouvel axe.

 

Shomen uchi ikkyo : l’axe du coude

Le « vrai » nom de ikkyo, c’est « ude osae ». « Ude » désigne le bras et « osae » évoque l’idée de contrôler ou de réprimer. Donc nous ne serons plus sur le poignet mais sur le bras. Et le moyen le plus direct pour contrôler le bras de uke sera de mobiliser son coude. Là encore, c’est ce que réalise François.

Pour la forme omote, la différence avec nikkyo n’est pas flagrante. Je vous invite donc à vous porter directement sur la forme ura. Ici, on notera que l’entrée est nettement plus profonde. Tori réalise un irimi qui lui permet de prendre l’axe du coude. La main arrière vient d’ailleurs se placer au niveau de l’articulation. Lors du pivot, tout le corps glisse sous le coude pour tourner autour de cet axe.

 

Shomen uchi irimi nage : l’axe de la colonne

Ici, la notion de « irimi » prend tout son sens puisque qu’on la traduit généralement par « prendre la place », « entrer avec le corps ».  Ce n’est pas un hasard, si dans la nomenclature de l’aïkido, c’est précisément cette technique qui prend ce nom. L’entrée est nettement plus profonde puisqu’il faut que tori se place de manière à prendre le contrôle de l’axe de la colonne d’uke : il entre avec le corps pour prendre la place d'uke. Attention, ne comprenez pas qu’il faut percuter uke. C’est plus subtil que cela quand même. Toujours est-il que le déplacement doit permettre à tori de se placer dès l’entrée dans l’espace d’uke au niveau de son axe sagittal.

Omote

Pour la forme omote, il y a forcément un « ayumi ashi » — pas qui permet de changer de hanmi — qui place tori au niveau de l’épaule d’uke.

Point de détail :

Notez que tout le corps avance de manière simultanée. Si tori place ses appuis, ses hanches et son buste, il n’oublie pas ses bras derrière lui. Si tel était le cas, il perdrait son intégrité et serait dans l’impossibilité d’engager la projection finale. De plus, martialement, il serait totalement vulnérable sans avoir la possibilité de construire autre chose ou même de se protéger.

Ura

Pour la forme ura, le déplacement initial est exactement le même. On ajoute à cette entrée un tenkan. Il y aurait plein de choses à dire sur la forme ura de irimi nage mais ce n’est pas notre sujet. Je vous invite juste à observer comment, dans les deux formes présentées ici, le travail de regard oriente le corps de tori et conditionne les directions du mouvement.

 

Pour conclure

Comme nous nous plaisons à le répéter au Shoshin Dojo, le plus important c’est de se déplacer pour se placer à l’endroit juste afin de réaliser la technique de la manière la plus fluide et la plus naturelle possible. Ce n’est évidemment pas facile et c’est même le travail de toute une vie d'aikidoka. Mais ce n’est pas grave puisque nous avons accepté de ne jamais atteindre la perfection.

Pour revenir à des considérations plus pratiques, il est important que vous ayez en tête ces questions d’axes sur et autour desquels se réalisent les mouvements. Ils conditionnent beaucoup de choses et cela se passe dès l’entrée comme nous avons pu le voir avec les trois techniques d’aujourd’hui. Cela étant, la démonstration aurait pu se faire à partir de n’importe quel mouvement et sur n’importe quelle attaque. Donc, je vous invite à vous pencher sur la question et à décortiquer par vous-mêmes les vidéos de François. Et si vous aviez des questions, n’hésitez pas à nous les faire connaître ou à les réserver pour la reprise des cours. Bon travail.