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Conte #2
« Le pari du vieux guerrier »

par Shoshin Dojo publié le 01.04.20

Nous poursuivons notre voyage dans le monde des contes et récits des arts martiaux par cette histoire dont la morale devrait nous inspirer tous, que ce soit sur ou en dehors des tatamis.


nishiki-e représentant des sumo

Le seigneur Naoshige déclara un jour à Shimonura Shoun, l'un de ses vieux samouraïs :

« La force et la vigueur du jeune Katsushige sont admirables pour son âge. Quand il lutte avec ses compagnons, il bat même les plus âgés.

— Bien que je ne sois plus tout jeune, je suis prêt à parier qu'il ne parviendra pas à me vaincre, affirma le vieux Shoun. »

Naoshige se fit un plaisir d'organiser la rencontre qui eut lieu le soir même dans la cour du château au milieu d'un grand nombre de samouraïs. Ceux-ci étaient impatients de voir ce qui allait arriver à ce vieux farceur de Shoun.

Dès le début de la rencontre, le jeune et puissant Katsushige se précipita sur son frêle adversaire et l'empoigna fermement, décidé à n'en faire qu'une bouchée. À plusieurs reprises, Shoun décolla du sol et faillit rouler dans la poussière ; cependant, à la surprise générale, il se rétablissait à chaque fois au dernier moment. Exaspéré, le jeune homme tenta à nouveau de le projeter en y mettant tout sa force mais, cette fois, Shoun profita habilement de son mouvement et c'est lui qui réussit à déséquilibrer Katshushige et à l'envoyer au sol.

Après avoir aidé son adversaire à demi inconscient à se relever, Shoun s'approcha du seigneur Naoshige pour lui dire : « Être fier de sa force quand on ne maîtrise pas encore sa fougue, c'est comme si on se vantait publiquement de ses défauts. »


tiré de « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » par Pascal Fauliot (Éd. Albin Michel)

en illustration : La lutte de Momotaro et Kaidōmaru  par Utagawa Kunisada (vers 1843–1844) — estampe sur bois (nishiki-e)