10 conseils pour bien débuter en aikido
À chaque rentrée, le Shoshin Dojo peut se réjouir d'accueillir de nouveaux pratiquants qui, pour la plupart, débute l'aikido à cette occasion. Ça fait plaisir de constater que nos disciplines, bien que confidentielles, continuent d'attirer des curieux qui recherchent une pratique et une voie martiale un peu différente. En tant qu'enseignants, nous sommes très attentifs aux premiers pas de nos élèves dans la voie de l'aiki. Les premières sensations sont parfois déterminantes et nous nous attachons à décomplexer les élèves, à faire naître rapidement la notion de plaisir, à dédramatiser les difficultés sans minimiser pour autant l'investissement que nécessite l'aikido. Avec les années, nous nous rendons compte que les petits nouveaux du Dojo rencontrent peu ou prou les mêmes difficultés, se posent des questions similaires et font face aux mêmes travers. Alors, voici un top 10 pour vous aider. Il sera forcément incomplet mais ce sont des conseils qui, je crois, vous permettront d'éviter quelques pièges dans lesquels tombent souvent les débutants.
1 / Régulier tu seras
Et oui ! Comme dans n'importe quelle discipline, le travail — et surtout la régularité dans le travail — c'est bien souvent la clé de la réussite. Venir trois fois par semaine au dojo, c'est très bien. Mais si cette pratique frénétique est entrecoupée de longues périodes de désertion des tatamis… Alors peut-être vaudrait-il mieux ne venir qu'une fois par semaine mais être constant et fidèle à ce rendez-vous hebdomadaire.
2 / La patience tu cultiveras
L'aikido c'est compliqué, l'aikido c'est long. N'espérez pas maîtriser la voie de l'aiki en quelques mois ou même en quelques années. Vous vous êtes engagés dans une voie qui pourra vous occuper toute votre vie. Ça peut être décourageant… mais ça peut être enthousiasmant aussi. Tout dépendra de votre état d'esprit et des raisons qui vous ont conduit sur les tatamis.
3 / Poser des questions tu dois
Quand on débute, on veut tout retenir de ce que montre le professeur. Erreur. En général, le cours a un thème et lorsque l'enseignant donne ses explications, il insiste sur deux ou trois points qui sont justement en lien avec le thème du jour. Concentrez vous sur ces quelques détails. S'ils vous manquent des éléments, le professeur vous les donnera. Cela étant, ne restez pas dans le flou. Personne n'étant parfait, le professeur peut ne pas être toujours explicite. Donc poser des questions, demandez qu'on vous réexplique, qu'on vous remontre. Si l'enseignant est occupé, appuyez-vous sur les sempai présents et qui seront toujours prêts à vous aider.
4 / La victoire tu ne chercheras pas…
Vous le savez, il n'y a ni gagnant ni perdant en aikido. Pourtant, c'est plus fort que nous, quand on réalise une technique, on veut à tout prix faire chuter uke. Pourquoi ? Parce que la chute du partenaire signifierait avoir réussi la technique. Pourtant rien n'est moins sûr. Et puis — ne nous mentons pas — on veut aussi gagner. Si uke tombe, c'est bien que quelque part j'ai été le plus fort. L'ego est retors et nous nous battons tous avec le nôtre. Par contre, ce qui est à peu près certain, c'est qu'à trop se concentrer sur l'autre ou sur le résultat, on ne se concentre pas assez sur soi et sur ce que l'on fait. Du coup, on pousse, on tire, on ne se tient pas droit… Bref : on passe à côté de l'essentiel.
5 / … pour que sur l'essentiel tu te concentres
L'essentiel… Si envoyer uke à l'autre bout du tatami n'est pas une fin en soi, construire vos corps d'aikidoka devrait être en revanche votre objectif principal. Comment ? Et bien en vous focalisant sur vos postures et vos déplacements. C'est la base sur laquelle vous pourrez développer votre aikido par la suite. Si vos déplacements ne sont pas clairs et vos postures mal assurées, il vous sera difficile de conserver votre unité de corps, de préserver votre intégrité, de maintenir votre équilibre et votre verticalité, et donc de progresser de manière satisfaisante. Les postures et les déplacements, ce sont un peu les fondations de l'édifice que vous commencez à construire. Alors autant y accorder toute votre attention.
6 / L'ami des chutes tu deviendras
Ah les chutes ! Nous ne sommes pas tous égaux devant cet exercice imposé. Si pour certains cela semble être une simple formalité, pour d'autres ça peut être… plus compliqué disons. Il y a plusieurs facteurs qui peuvent entrer en compte, mais généralement, quand ça coince, c'est qu'il y a une appréhension. Et là, il n'y a pas pléthore de solutions pour y remédier : il faut faire face et affronter sa crainte. Les exercices progressifs que peuvent vous proposer les professeurs sont là pour vous aider. Il est important de lever cette crainte de la chute rapidement, parce qu'une fois libéré de ce poids, vous pourrez vous concentrer sur d'autres aspects essentiels de l'ukemi.
7 / De l’intention dans tes attaques tu auras
Si l'aikido n’est pas un sport de combat, ce n'est pas non plus une danse. L'objectif de tori est de trouver une solution appropriée dans une situation contraignante que lui est imposée par uke. Alors, même si les coups ne sont pas portés, il est important que uke ait une intention claire dans ses attaques. Cela vous aidera à saisir le sens martial de l'aikido et permettra en même temps à votre partenaire de progresser. Petite remarque en passant : en aikido nous sommes tori et uke à parts égales. Il y a une raison et on ne devrait donc pas se ramollir au moment de prendre l'ukemi.
8 / Le nom des techniques tu apprendras
Quand on commence l'aikido, il faut accepter de se mettre un peu au japonais. Oh pas grand chose hein ! en gros il faudra maîtriser le kit de survie linguistique pour le tatami. Blague à part, il vous faudra être à l'aise avec le nom des techniques, des frappes et des saisies ainsi que des principaux déplacements. Comment faire ? Comme pour le reste, il faut y aller progressivement. Rien de pire que d'attendre l'examen du shodan pour s'y mettre. Au contraire, mémorisez le vocabulaire petit à petit. Après les séances, à tête reposée, vous pouvez noter le noms des techniques vues en cours. Profitez aussi de vos passages de grades pour faire le point. À chacun sa méthode alors trouvez la vôtre. Dans tous les cas, dîtes-vous qu'une fois fait… ce n'est plus à faire.
9 / Le travail des armes tu ne négligeras pas
L'aikido se pratique à mains nues… mais pas que. Bokken, jō, tantō. Voilà qui enrichit considérablement les possibilités et le panel des techniques qui s'offrent à nous. Mais voilà, quand on débute, on a déjà bien du mal avec les mains libres, alors quand il faut en plus gérer une arme en bois… Bref, on galère et c'est un travail qui peut sembler à bien des égards ingrat. Au départ, au mieux on a aime bien une des armes ; au pire, on n'en aime aucune. Alors que faire ? Et bien vous forcer, vous appliquer et croire vos professeurs sur parole ! Une pratique assidue des armes améliorera votre travail à main nues, vous aidera à construire votre posture, fortifiera votre corps et vous aidera à comprendre les notions de distances, d'axes et de timing.
10 / Prendre du plaisir tu dois
Ben oui ! Parce qu'au final c'est bien tout ce qui compte. Si vous n'arrivez pas à garder la flamme du plaisir étincelante, il est probable que vous abandonniez tôt ou tard les tatamis. Donc à vous d'entretenir la flamme. Ō Sensei disait qu'il fallait pratiquer dans la joie. À vous de trouver ce qui vous procure du plaisir sur les tatamis. Ça peut être le fait de transpirer un bon coup, de retrouver les collègues du dojo, ou de sentir que vous apprenez à utiliser votre corps différemment. À vous de voir… En tout cas, une des clés sera sans doute de rester curieux, de continuer à chercher, de tester, d'essayer de comprendre… Bref, de maintenir le shoshin, l'esprit du débutant, bien vivant !
