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Le Hakama en Aïkido

par Romuald publié le 04.05.17

Cet élément de la tenue du pratiquant d’Aïkido suscite tout au long de la pratique divers sentiments successifs : étonnement, envie, volonté de progresser pour obtenir le « droit » de le porter, enfin une certaine fierté, souvent couplée à la frustration de devoir s’adapter aux déplacements en suwari waza, et à l’apprentissage du pliage...

Pour mieux le connaître, voici quelques explications sur son origine et son utilisation actuelle. 

Le Hakama est un pantalon large plissé (sept plis : cinq devant et deux derrière), muni d'un dosseret rigide (« koshi ita ») placé au niveau des lombaires. Il est serré à l'aide de quatre lanières, à gauche et à droite, devant et derrière. Ce pantalon d'usage courant au Japon (dans plusieurs arts martiaux, mais aussi comme tenue traditionnelle) fait partie intégrante de l'Aïkido.

Historique du hakama

Le mot hakama viendrait du mot « hakamo » qui désigne un vêtement porté à partir de la taille par les femmes dans les temps anciens (en remontant jusqu’au VIII° siècle).

Le hakama a évolué en fonction des époques et l'on peut penser que le hakama d'Aïkido utilisé à notre époque provient de l'équitation, possédant un large pli d'aisance à l’entrejambe. Le hakama était, à l'origine, un moyen de protection des jambes des cavaliers. Ensuite, les samouraïs sont descendus de cheval, et sont devenus des soldats à pied. Ils ont alors persisté à porter les vêtements des cavaliers, afin de marquer leur différence et de pouvoir être plus facilement identifiables.

Certains prétendent qu'un le rôle du hakama était de masquer les mouvements des pieds pour mieux surprendre l'adversaire. Cette explication ne fait pas l'unanimité : en effet, il semble que les samouraïs portaient des jambières enserrant le hakama , les pieds étaient donc bien visibles. Par ailleurs, lorsqu'il se préparait à un combat sans armure, le samouraï remontait le hakama en le coinçant au niveau de la ceinture.

Le hakama aurait donc davantage une fonction de représentation du symbole de la tradition des arts martiaux, perpétuée de génération en génération.

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Ô Sensei Ueshiba était catégorique sur le fait que tout le monde devait porter le hakama . A l'époque, le hakama n'était pas la reconnaissance d'un niveau ou d'un grade.

Le fondateur commença à enseigner son art à des notables, des nobles, des personnalités haut placées pour qui le hakama ne posait pas de problème de coût. Plus tard il laissa à ses jeunes élèves moins fortunés le choix de pratiquer sans le hakama jusqu'à ce qu'ils puissent en acheter un, en étant certains de continuer la pratique.

Ainsi, les occidentaux considérèrent le port du hakama comme conditionné à une certaine ancienneté ou à un grade, alors qu'il ne s'agissait à l'origine que d'une adaptation, due à son coût.
Plus tard, Maître Tamura, dans les années 60, aurait poursuivi sur ce fonctionnement, en arrivant en France, considérant également que le port du hakama représentait une motivation supplémentaire pour le pratiquant.

La couleur du hakama en aïkido

En général, le hakama est teint en noir ou dans une couleur foncée (parfois bleu indigo, au choix du pratiquant). Symboliquement, il représente avec le gi (la veste), très souvent de couleur blanche, l'union des contraires (yin et yang).
Le principe négatif ou Yin est matérialisé par le gi blanc : le haut du corps doit en effet être complètement décontracté lors de la pratique afin de laisser le ki s'écouler librement.Le principe positif (Yang) est symbolisé par le hakama noir : l'aïkidoka doit avoir une posture stable et solide, être ancré dans le sol.

Ainsi, les deux polarités s'unissent au niveau du hara, c'est-à-dire au niveau de la ceinture. En effet, le hara représente globalement le centre de gravité du corps, d’où doit partir chaque mouvement, et par lui que doit passer le Ki. 

A noter qu’un hakama de couleur blanche était habituellement porté par les maîtres d'après guerre, ou encore par les pratiquants de Iaïdo.

Les sept plis du hakama

Les pratiquants d’Aïkido qui portent le hakama ont tous un jour ou l’autre râlé contre cet habit, surtout au moment de le plier ou de le repasser. Le nombre de plis imbriqués rend effectivement la tâche un peu complexe, bien qu’avec un peu d’entraînement cela soit tout à fait faisable.

Mais au-delà de l’aspect pratique, il existe surtout toute une symbolique des plis. Ô Senseï ne manquait pas de rappeler à ses élèves que « les sept plis du hakama symbolisaient les sept vertus du Budo ».

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Puisque l’on porte, ou que l’on souhaite un jour porter le Hakama, autant connaître ces vertus pour essayer de s’en approcher au mieux :

  1. Jin : bienveillance, générosité. Il ne faut jamais causer de trouble ou de peines inutiles dans le but d'attirer l'attention sur soi.
  2. Gi : honneur, décision juste, justice. Le sens de l’honneur passe par le respect de soi et des autres. C’est être fidèle à sa parole, à ses engagements, aux choix de son dojo, de son professeur...
  3. Rei : courtoisie, étiquette, respect.
  4. Chi : sagesse, intelligence.
  5. Shin : sincérité. Dans la pratique martiale, elle est essentielle pour soi-même et pour les autres. L’engagement doit être total, permanent, sans équivoque, par respect pour l’art martial en lui-même et pour le partenaire.
  6. Chu : loyauté. Le pratiquant s’engage à une fidélité totale et à un respect loyal des règles internes envers son Maître et son école. C’est là le reflet de la rectitude du corps et de l’esprit du pratiquant.
  7. Koh : piété, au sens de respect profond et authentique des bases des pratiques martiales.

 

Comment plier son hakama

Le hakama se plie généralement, après le cours, sur le tatami. Plusieurs méthodes de pliage, plus ou moins traditionnelles (et plus ou moins simples) sont pratiquées aujourd’hui. L’important étant de respecter sa tenue et de préserver au mieux les plis existants. On trouve aujourd’hui toutes les vidéos explicatives possibles sur le net. Au-delà de la méthode, quelques petits points d’étiquette sont néanmoins à retenir :

  • ne jamais tourner le dos au Kamiza (mur d’honneur)
  • ne jamais placer le koshita (dosseret) face au Kamiza
  • éviter de s’agiter autour du Hakama, le plier calmement sans tourner autour
  • rester en seiza, ou à défaut en tailleur pendant que l’on plie le Hakama

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Quelques avantages du hakama

Le Hakama permet d’acquérir une meilleure attitude. Par son maintien et son gainage il renforce naturellement la sensation de centre (Hara) et par cette prise de conscience, il permet un meilleur ressenti.

Les chutes paraissent plus douces et plus fluides ; ça ne semble être qu’esthétique, mais un des buts recherchés n’est-il pas aussi d’acquérir le geste le plus juste ?

Il permet visuellement de distinguer en cours ou en stage un débutant d'un plus gradé. Lorsque les ceintures ne sont pas affichées, cela permet au moins une première estimation (même si peu précise) du niveau du partenaire.

Pour conclure et avancer

N’oublions jamais que même si à l’origine, le Hakama était porté par tous, y compris les débutants, le grade de Shodan (1er dan) est considéré comme le stade du débutant qui découvre un nouveau chemin dans la pratique. Ce qui doit nous amener bien entendu à toujours chercher à progresser, mais surtout à garder toute l’humilité nécessaire face à cet habit « qui ne fait pas le dan ».

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